La France à vélo entre Amiens et Hendaye

Quelques lignes pour résumer mes vacances à vélo. Une semaine cyclotouristique au départ d‘Amiens, en traversant le Vexin et les marais poitevins mais aussi pas mal d’autres lieux qui ne finissent pas en [in] comme les Landes, le Pays Basque ou le Poitou-Charentes.

Lundi 28 mai. Amiens > Haute Epine (40km)

15h, sortie du garage. un coup d’oeil à droite, un coup d’oeil à gauche, premier coup de pédale. Youhou, vers l’au delà et l’infini, direction Crèvecoeur le Grand ! Une petite étape pour commencer, ça permet de récupérer de la course du week-end mais aussi de retrouver ses marques sur le vélo (je ne parle pas que du mal de fesses). Ca m’a permis d’effectuer aussi les derniers réglages et serrages du porte bagages mais aussi de croiser une tortue au milieu de la route. Sortie d’Amiens direction Conty par la route qui longe la coulée verte dans la vallée de la Selle (Bacouel, Loeuilly, passage devant le terrain de paint ball sur lequel nous réglons nos comptes tous les ans, puis Conty et enfin Crevecoeur le Grand). Il reste 5/6km pour rejoindre Haute Epine, village étape d’un ami qui m’offre le gîte, le couvert et la bière.

Mardi 29 mai. Haute Epine > Nonancourt (140km)

Je quitte l’Oise à Trie château et je découvre le parc naturel du Vexin, un coin du Val d’Oise que je ne savais pas si vallonné. Jusqu’à la Seine, mon vélo et moi-même enchaînons les collines. J’arrive par la route des crêtes et avant de traverser la Seine à Bonnecourt, je visite La Roche Guyon et son imposant château. C’est beau, mais c’est cher ! Paye tes deux pêches et ton paquet de gâteau apéro à 5euros ! Je rattrape ensuite Ivry la Bataille et je tombe sur une petite piste cyclable qui longe l’Eure, pratiquement jusqu’à Dreux, ville, comme toutes les autres, que je contournerai. A partir de 18h, je me concentre moins sur la carte et plus sur mon estomac et la quête de nourriture. En bon chasseur que je suis, je scrute à l’horizon le moindre Liddle pointant le bout de son nez. Une fois ravitaillé, il faut penser à se trouver un coin pour la nuit. Je poserai ma tente et mes pêches à 5 euros dans un bois au sud de Nonancourt. C’est là que je rencontrerai « Canard », un baroudeur plutôt mal coiffé, avec des tatouages indiens, qui me racontera avec pas mal de nostalgie ses années sur la route.

Mercredi 30 mai Nonancourt > Noyant (180km) : au pays de la rillette.

5h30. C’est tôt pour sortir de son duvet. C’est tôt mais c’est déjà la fête au milieu de la forêt ! Du cui-cui en veux-tu-en-voilà qui annoncent une belle journée ensoleillée. C’est ainsi qu’une heure plus tard, je me retrouve moi aussi à siffloter au guidon de mon bolide à travers la cambrousse. J’arrive rapidement à l’entrée de la forêt domaniale de Senonches, puis La Loupe où c’est jour de marché. Jusqu’à Ecommoy (au sud de Le Mans), je traverse de grandes forêts de pins. Ensuite, ça devient plus monotone et les orages arrivent en milieu d’après midi. Il n’y a pas grand chose à voir alors je roule jusque Noyant, ville étape dans laquelle je trouve un petit hôtel. « Le petit déjeuner, c’est à partir de 6h30 et avant 10h » me glisse la tenancière.

Jeudi 31 mai Noyant >St Rémy (160km)

6h31. Je beurre ma première tartine, ce sera le début d’un véritable massacre pour la corbeille de pain. En regardant la carte, je sais que la matinée va être sympa. En effet, dès la sortie de Noyant, une grande forêt m’attend puis la traversée de la Loire à 40km d’ici. L’après midi est plus ennuyeuse et mon itinéraire n’est franchement pas top. Loudun > Parthenay > Niort par les petites routes de campagne, c’est un peu l’équivalent d’un aller retour Amiens > Roye à travers le Santerre. Des champs à perte de vue et un soleil qui tape fort. La fin de journée est plus agréable, autour de Niort la verdure fait à nouveau son apparition, je traverse des bourgs comme Champdeniers (et sa rivière souterraine) ou Coudray-Salbart (et sa forteresse gardée par 10 bougresses). Une fois mon campement installé proche de St Rémy, je trace mon itinéraire pour le lendemain, direction l’océan.

Vendredi 1er juin (130km) St Rémy > Soulac sur Mer

Encore une belle journée qui s’amorce. La matinée dans les marais poitevins (passage par Coulon), le début d’après midi à Thonay-Ch pour traverser la Charente et le soir au bord de l’Atlantique, en arrivant par le Gua > Royan. C’est à Royan qu’on peut, pour quelques deniers, traverser l’estuaire de la Gironde avec un bac jusqu’à la pointe de Grave. Dès la sortie du bateau, les premiers sapins, la première piste cyclable, bref, les Landes. Je rejoins Soulac et je me cherche un spot face à la mer.

Samedi 2 juin (145 km) Soulac sur Mer > Dune du Pilat : Tonnerre de Zeus

J’ai mal dormi sur la plage, le bruit des rouleaux me donnaient l’impression de ronquer au bord d’une autoroute. Mais l’aventure à vélo dans les Landes commencent. Il suffit de se laisser guider par les pistes, c’est tout un réseau qui permet de relier à chaque fois la ville à sa plage, tout est très bien fléché. Le contour du bassin d’Arcachon n’est pas aussi sympa. Il y a une piste qui permet de rejoindre Biganos, puis il faut traverser Arcachon. La meilleure solution, si j’avais planifié plus sérieusement l’itinéraire, aurait été de rejoindre le cap ferret puis de faire la traversée du bassin en bateau. J’arrive à 20h30 au pied de la dune du Pyla, l’objectif de cette journée. Pas question de laisser le vélo en bas, il viendra avec moi voir le spectacle apocalyptique qui se prépare. Il fait sombre, le vent se lève, l’orage arrive, ça claque alors je ne traine pas en haut. J’ai juste eu le temps de sympathiser 1/4 d’heure avec deux girondains venus fêter un anniversaire. C’est donc avec une haleine de vodka caramel que je remonte sur mon vélo. Je parle avec le gardien du parc du Pyla, qui me propose de bivouaquer ici même. Comme il y a trop de monde, je décide de pousser un peu plus vers Biscarosse. L’orage ne me rate pas, ce n’est que vers 23h30 que j’arriverai à m’installer au sec et à m’endormir comme une masse.

Dimanche 3 juin (135km) Dune du Pyla > Hossegore : l’anglais

Comme si il ne s’était rien passé la veille, le soleil brille et les oiseaux chantent. Je me dirige vers Biscarosse-plage en espérant retrouver une piste cyclable. Mauvaise surprise, un terrain militaire étalé sur plusieurs kilomètres me force à faire le détour par Biscarosse-ville > Parentis. Arrêté à un stop, le nez dans ma carte, j’entends « Ho, It’s really french ». Je me retourne et j’aperçois un cyclotouriste qui m’avait pris en chasse. Il montre du doigt la baguette de pain accrochée à mon porte bagage. C’est Mike, un anglais qui n’en est pas vraiment un car il vient d’Afrique du sud, mais comme il est parti 3 semaines auparavant en vélo de Londres, je retiendrai qu’il est anglais. On passera toute l’après midi à échanger des anectodes dans un mauvais franglais. Nous avançons jusqu’à Hossegore, notre itinéraire est en très grande partie la route de St Jacques de Compostelle. En fin d’après midi, nous retrouvons Jérôme, un ami qui nous fera la visite guidée des 70 derniers km de littoral basque. Nous bivouaquons au sud d’Hossegor, au bord de la rivière et de la piste cyclable.

Lundi 4 juin (65km) Hossegore > Hendaye 

C’est le dernier jour. Le ciel est menaçant et on se fait poursuivre par le même nuage jusqu’à Bayonne. Il n’y a qu’un seul pont pour traverser l‘Adour (fleuve frontière entre les Landes et les Pyrénées-Atlantique). Pour la première fois du voyage, j’entre dans une « grande ville » mais ça passe plutôt bien grâce aux pistes cyclables. En approchant de Biarritz, Jérôme et moi essayons d’expliquer à Mike l’histoire de la chambre d’amour. C’est juste l’histoire d’un couple qui se retrouvaient dans une grottte pour fricoter, mais en anglais ou avec les gestes, ce n’est pas évident à narrer.
Nous perdrons Mike de vue peu de temps après sur la route de Bidart. Nous décidons de rejoindre St Jean de Luz par le sentier du littoral puis de déjeuner à l’entrée de la baie. Dans l’après midi, nous reprenons la route vers Hendaye, en poussant les vélos sur le sentier des corniches, pour profiter de la vue. Il n’est vraiment accessible qu’aux piétons, nous rebrouserons chemin et finirons notre escapade par la route.

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