Quelques jours dans l’Oisans sur le GR54

J’ai passé quelques jours dans l’Oisans sur le GR54, en plein coeur du parc national des Ecrins. Le GR54 est un sentier dans les Alpes du sud (à l’est de Grenoble), réputé pour être un GR assez costaud mais c’est surtout une balade très sauvage. Départ le samedi matin de Mônetiers les bains, arrivée mardi midi à Venosc. L’itinéraire choisi a été celui du topoguide de la FFRP (« Le tour de l’Oisans et des Ecrins »). Pour les allures, les étapes, les points de chute (ravitaillement, refuges), j’ai suivi les précieux conseils de Benjamin.

Samedi 4 août : De Mônetiers les bains au pré de la Chaumette

Je me réveille fraîchement, j’ai dormi à coté de ma voiture au départ du sentier à Mônetier. Cette première nuit m’aura déjà servi de leçon. Tu peux avoir très chaud la journée et très froid la nuit, même sans être très haut. Il est 5h du mat’, il fait 4° et j’ai plutôt intérêt à revoir le contenu de mon sac avant de partir. Polaire, k-way, gants, buff, sac poubelle, tout pour avoir chaud et être étanche ! Je recalcule les doses et je partirai avec essentiellement du pain et un mélange de graines/ semoule.

A la différence du trek sur le GR20, cette année, je fais le GR54 en autonomie, je porterai donc le nécessaire pour dormir et pour manger. Contrairement au sentier Corse, l’eau ne sera pas un souci, l’Oisans est arrosé par de nombreux glaciers, l’eau coule à flot, deux petites gourdes de 500ml suffiront. Je planifie mon tour pour 4 jours et j’ai prévu deux points de ravitaillement, un peu mal placés mais il n’y a pas d’autres possibilités : Vallouise (que j’estime à 4h de marche de mon point de départ), et La Chapelle-en-Valgaudemar (village que je devrais traverser le dimanche après midi)

La vidéo de la balade

8h45 – Col de l’Eychauda. Ascension progressive à travers la forêt dans un premier temps puis en longeant les télésièges et les pistes de ski. Pas terrible. Je suis cependant accueilli en musique au sommet par une troupe de vaches à clochettes qui mettent l’ambiance en débroussaillant les bas cotés.
11h- Vallouise, via Chambron et sa petite chapelle. Beaucoup de route, la vallée est jolie mais l’itinéraire un peu moins. En arrivant à Vallouise, j’aurais fait plus de route que de sentier. La partie sauvage n’est pas pour tout de suite, il faudra pousser jusqu’à Entre-les aigues pour dire définitivement adieu au bitume.

14h- Entre-les-aigues. J’entre dans le parc national des écrins, la route s’arrête sur un immense parking, point de départ de nombreux sentiers de randonnée. Je jète un coup d’oeil sur la carte et je sais que je peux faire mes adieux au bitume jusqu’au lendemain après midi. Le sentier monte progressivement le long du torrent, jusqu’à la cabane de Jas Lacroix puis jusqu’au col de l’Aup Martin, point le plus haut du GR54 culminant à 2800m.
15h45 : cabane de Jas Lacroix. Je m’arrête ¼h pour discuter avec le gardien des lieux. C’est un lieu unique, une petite cahute tenue par une bergère, alimentée par un tuyau d’eau qu’il faut laisser couler pour ne pas “tout casser”. Une petite maison divisée en deux, l’espace de vie de “la bergère” et la pièce de vie commune, dans laquelle le randonneur en galère peut trouver un minimum pour se requinquer : des matelas, quelques vivres, un peu de gaz. N’étant pas encore en galère, je discute 5 minutes avec la tenancière, je remplis ma gourde, me fais engueuler car j’ai coupé le robinet puis file “là haut”, vers l’Aup Martin.
17H30. Col de l’Aup Martin. A travers les bourrasques de vent, une marmotte se déchire la glotte et envoie tout ce qu’elle a dans le coffre pour alerter toute la vallée de ma présence. Ce cri aigu mêlé aux clochettes des biquettes et aux bourasques de vent, y’a de la vie au col de l’Aup Martin !
18h30 : Refuge du pré de la Chaumette. Soirée tranquille et reposante. Au lit à 20h00 ! ^^

Dimanche 5 août. Du Pré de la Chaumette au refuge des Souffles

Après 10h30 de sommeil, je mets les voiles, vers le col de la Valette. Le bruit de mes bâtons sur la caillasse résonne dans la montagne encore bien endormie. Quelques cris de marmottes (les mêmes ?) résonnent aussi. Je mâche négligemment une baguette de pain presque pas rassie, bref, je suis le roi du monde (cc Titanic 1998)
Je passerai le col de la Vallette vers 9h, le col de Gouiran vers 9h30 et le col de Vallonpierre vers 10h15. Il commence à grisailler, ça sent l’orage. De Vallonpierre, le sentier redescend dans la vallée, en direction de la Chapelle-en-Valgaudemar.

Plus je descends, plus il fait chaud. J’arriverai à la Chapelle à 13h30 et je trouverai la porte de l’épicerie fermée. Grrr- “Ouverture à 16h30” ! Arrivée à Villar Loubière vers 17h30. L’orage gronde, ça claque sur les collines aux alentours. Je décide de monter fissa au refuge des souffles pour y passer la nuit. J’y arriverai à 19h, accueilli avec le thé à la menthe et 4 charmantes “gardiennes assistantes”. C’est le top du top du refuge.

Lundi 6 août : du refuge des Souffles à Valsenestre

La journée avait pourtant bien commencé. J’ai passé le premier col en me faisant chauffé les épaules par le soleil levant. Une fois que j’ai basculé au col de la Vauze, dame nature s’est déchaînée. C’est complètement détrempé que j’arrive dans le village qui porte bien son nom : Le Désert. Avec ce temps maussade, ces bourrasques de vent et cette pluie lourde, j’ai l’impression d’être acteur du film “frontières”. En cherchant un peu, je tombe sur un troquet, ou plutôt, « LE troquet », qui je dois bien l’avouer est très coquet. C’est en fait un resto un peu chic, j’avale un café mais je ne tarde pas, je suis un peu sale pour fréquenter ce genre d’endroit.

C’est sous la même pluie que je file vers le col de Côte Belle. Pendant quelques rares secondes de temps en temps, la brume se dissipe et je peux apercevoir le col. Encapuchonné, emmitoufllé, ensacpoubellé, je suis dans mes pensées et je pense à “l’après mauvais temps”. Je ne me rends même pas compte que j’ai perdu le balisage et que je grimpe à flanc vers le mauvais col. La flemme de redescendre. La raison me dit de faire demi-tour et de récupérer la bonne trace, une autre petite voix dans ma tête me dit de couper dans la rocaille en direction de l’autre col. J’aime bien les petites voix. Après 25 minutes de hors piste, soulagement, je tombe à nouveau sur la petite trace balisée rouge et blanche. J’ai retrouvé le GR mais l’endroit dans lequel je me trouve est complètement apocalyptique (ça doit être merveilleux par temps sec).

De gigantesques orgues d’ardoises sortant de la brume se dressent autour de moi. Je n’aurai cependant pas vu le col de Côte Belle. J’entame la descente, dans une partie très verte en végétation, c’est donc complètement pourri que j’arrive au carrefour de Valsenestre. La pluie a cessé mais je décide de rejoindre le village le plus proche pour trouver un lit chaud. Petite étape en distance aujourd’hui, c’est au chaleureux refuge/ gîte du Béranger à Valsenestre que je passerai la soirée. Je ferai la rencontre de Clémence et Jean, deux parisiens, eux aussi en mode GR54

Mardi 7 août : De Valsenestre à Venosc

Comme je me suis arrêté plus tôt hier, je recalcule mon itinéraire et je décide de passer par Venosc puis de rejoindre Bourg d’Oisans pour y choper un bus. Je pars à 8h du refuge et seuls le chemin humide et mes fringues encore mouattes me rapellent qu’hier, ici même, c’était un remake d’Armagedon. Grimpette vers le col de la Muzelle. Sur le sentier, je rattrape les 3 séniors avec lesquels j’ai petit-déjeuné. Quelle pêche ils ont ! Je me demande si à 70 ans j”enquillerai encore avec autant de fougue un 1300m de dénivelé positif sans bâton. Je bascule au col de la Muzelle avec la vue sur le refuge, le lac et en toile de fond la station des deux-Alpes. Il ne reste plus grand chose à parcourir, 1500m de dénivelé négatif, en longeant un torrent. J’avancerai entre Venosc et Bourg d’Oisans par la route, le pouce en l’air pour rejoindre la civilisation. Une navette permet de relier Bourg d’Oisans au Mônetiers et j’arriverai en fin d’après midi à ma voiture pour préparer mon sac pour l’ascension du dôme des Ecrins.

Bilan

3 jours et demi, environ 150 km, 9.000m de D+. Une bien belle boucle. Contrairement à ce que j’avais entendu, j’ai croisé peu de monde. Les sentiers escarpés, les passages de cols assez hauts, le fort D+ ne sont pas les paramètres les plus compliqués à gérer. Il faut surtout penser à gérer ses points de ravitaillements car rares sont les épiceries que l’on croise (à moins de partir léger, en pension complète et de vous arrêter dans tous les refuges).

Je vous recommande d’acheter le topoguide de la FFrando pour avoir toutes les cartes IGN du GR54, en plus d’informations sur les refuges, les étapes, les commerces. Il existe aussi un bouquin pour nos amis anglophones !

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