Trek au Maroc dans l’Atlas: 4 jours entre le Toubkal et le M’goun

A Marrakech, la première chose que l’on distingue quand les portes coulissantes de l’aéroport s’ouvrent, c’est la chaine de montagne enneigée en toile de fond : le Haut Atlas. Le Toubkal (le point le plus haut perché du Maroc mais aussi de l’Afrique du Nord) est une coline qui culmine à 4167m, à 70km au sud de Marrakech.

A bord d’une 206 aux bruits inquiétants, nous quittons les grandes avenues éclairées de Marrakesh pour rejoindre Asni puis enfin Imlil, point de départ de notre randonnée. Ce petit village impasse, paumé à 1700m d’altitude en bout de piste sera aussi notre point de chute pour la nuit.

A 5h du matin, nous sommes tirés du duvet par des cris d’enfants. En sortant le nez, nous découvrons que l’étendue rocailleuse sur laquelle nous avons jeté nos tentes est en fait le terrain de foot du village. En plus de squatter, nous avons détruit les cages pour caler nos tentes avec les pierres. Oups, on file !

La carte que nous avons trouvé de la région est au 1/50.000e et elle nous indique que le sentier part du centre du village. Mais ce n’est pas un GR balisé. Après quelques hypothèses et quelques coups de boussole, nous semblons d’accord et nous entamons notre marche ascensionnelle en direction du Jbel Toubkal, le toit de l’Atlas.

Deux documents utiles pour partir dans l’Atlas sur le Toubkal

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Vu d’en bas, nous ne distinguons pas le sommet. Il n’y a pas de neige éternelle ni de glacier mais à cette saison, il reste de la neige et des névés  Comme il fait beau, nous misons tout sur le fait que la météo restera clémente et nous permettra de faire l’aller retour dans la journée sans matériel spécifique (piolet, crampons)

Après 1h15 de marche, nous traversons un petit village encastré en fond de vallée, alimenté par un puissant torrent. L’accès à la mosquée de l’autre coté de la rivière nous est refusé. « Interdit aux non-musulmans« , nous sommes gentiment priés de faire demi-tour afin de récupérer la bonne trace. Nous passons alors sur le versant ensoleillé de la montagne, le sentier monte progressivement.

Nous croisons une mule par ci, un cheval par là, un joueur de flûte par ci, un vendeur ambulant de jus d’orange par là. Entre Imlil et le refuge des mouflons  la montagne est animée. Au contact des locaux, ce qui me frappe le plus (à part leur démarche ultra commerciale), c’est le mélange des époques. Ainsi, il ne faudra pas s’étonner de voir des habitations en terre mais équipées de paraboles, un muletier écoutant de la musique sur un smartphone ou encore croiser un berger joueur de flute avec un Ipad à ses pieds.

A 10h, nous arrivons au refuge des Mouflons (3200m). Premiers pas dans la neige. Selon les grimpeurs qui viennent de redescendre, il fait très froid au sommet à cause du vent mais l’accès peut se faire sans équipement spécifique.

Nous n’avons pas pris le temps de nous acclimater et comme nous sommes passés trop rapidement de 1700 à 4200m, le coup de pas de bol arriva. L’un de nous 3 souffrant de l’altitude, il redescendra et nous partirons à deux vers le Jbel. Dans les derniers 500m, nous distinguons ce que nous pensions être le sommet. Fausse joie, il reste 50m de dénivelé en longeant une crête pour atteindre la structure métallique indiquant les 4167m. Je souffle comme un petit vieux, j’ai le coeur qui fait la grosse caisse en mi bémol dans mon oreille interne mais j’ai beaucoup plus de chance que notre ami qui souffre du mal des montagnes (migraine et nausées, affaiblissement).

Au sommet, il n’y aura pas un pet de vent. Nous prenons le temps de fanfarroner et de prendre quelques photos avant de redescendre. Nous mettrons une heure pour rejoindre le refuge (en alternant glissade dans la neige et dérapage dans les caillaisses) puis nous deux heures pour revenir à Imlil à 18h. Une bonne balade !

En descendant, nous débrieffons et nous en concluons que, malgré le fait que ce soit le toit de l’Afrique du Nord, la vue n’est pas exceptionnelle. Un sommet (plus bas) tel que le M’Goun (4000m) serait bien plus sauvage et bien plus beau. A l’heure où j’écris ces quelques mots, mes 2 compagnons sont d’ailleurs en route pour son ascension.

De retour à Imlil, après un fameux tagine et une puissante nuit régénératrice, nous avons donc repris la route tous les 3 en direction d’Agouti, un petit village en bordure de piste au pied du M’goun. Plus de 6h de route pour 240km. Le retard que nous avons pris sur le transfert en voiture ne me permettait plus d’effectuer l’ascension dans des conditions raisonnables. Ce soir là, quand nous sommes arrivés au pied, il était tard et les conditions météos n’incitaient pas à partir. Nous passions donc la nuit au pied du M’goun et au petit matin, je laissai mes deux compagnons qui avaient prévu de rentrer à pied à travers l’Atlas jusqu’à Imlil.

Pas de M’goun pour moi mais des images plein la tête. Il me restera 24h pour faire le chemin inverse et rendre la voiture.

Au fil des kilomètres, je retrouve la civilisation en créscando : « tiens, une petite fille qui fait un sourire au bord de la route », puis  » tiens, un gamin qui vaucifère sur ma voiture », puis « oh, un petit village » et « tac, une ville », « haaaa, une vraie route goudronnée » puis un bain de touristes en faisant une escale aux cascades d’Oussoud.

L’apothéose, le bouquet final : l’infernal souk de Marrakesh: bruit, klaxon, pollution, vente à la criée etc… : 12 heures passées à errer dans cet énorme marché coloré me confortent dans l’idée qu’on est quand même mieux quand on est bien à son aise au calme en haut d’une montagne !

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