Notre GR20, en 5 jours et 7 Pietra

Du 29 août au 3 septembre, nous avons traversé la Corse par le GR20, du Nord au Sud entre Calenzana et Conca. Départ de Calenzana le lundi à l’aube, arrivée à Conca le vendredi soir. J’étais bien rincé mais avec des souvenirs plein la tête et une carte mémoire d’appareil photos chargée. Voici un petit résumé de notre aventure.

Retrouvez le découpage complet, détail des étapes, liste du matériel sur l’article dédié : https://gr20-infos.com/5-jours/

Jour 1 : Calenzana – Ascu Stagnu

2980D+ > 1615D- 

Lundi 29 août, 5h30.  Au départ de Calenzana, ça grimpe tout de suite ! En prenant de la hauteur sur le sentier, nous assistons au levé du jour. Un dernier coup d’oeil derrière nous: « Adios Calenzana, bye bye Calvi« . Nous arrivons à Bocca U Saltu (1250m) à 8h20, l’heure de faire péter le 2e petit dej’ : pain, fromage, banane. Premières salutations aux différents animaux que nous croisons : vachettes, biquettes, ils sont affutés les bestiaux !  A 9h20, nous arriverons au premier refuge, Ortu di U Piobbu, juste à temps pour prendre un café avant la fermeture journalière. « Il y en a un qui vient de partir juste devant vous, il fait comme vous » nous dira la gardienne.

Nous faisons le plein d’eau à la source puis reprenons la route, direction Carrozzu, 2e refuge du GR. Les sentiers sont plus rares, le circuit rouge et blanc est maintenant balisé à travers les rochers. Une longue ascension nous emmènera sur les crêtes. C’est ici que nous rattrapons « Hercule le corse »- celui qui est parti devant nous » avec qui nous sympathisons. La partie sur les crêtes est chouette, la descente qui s’en suit, à travers les éboulis, l’est moins. 13h,nous arrivons au refuge de Carrozzu. Les cinéphiles reconnaîtront le lieu de tournage « Les randonneurs ». Les affamés comme moi reconnaîtront surtout l’odeur de l’omelette à la menthe qu’on se mettra dans le jambon, accompagnée d’une assiette de chacuterie. On trouve facilement à manger sur le GR20.  1H de pause. La première cloquinette à déjà fait son apparition. Toute mignonne, toute belle, sur le talon, je suis ému…;)

C’est l’heure de repartir, promenade de digestion pendant 15 minutes, jusqu’à la passerelle de Spasimata. Une fois celle ci derrière nous, ça commence à grimper sérieusement le long de la roche : premières chaines, premières dalles rocheuses, ça devient technique. La distance n’est pas longue mais le dénivelé est fort jusqu’à Muvrella, 2000m d’altitude. 15 minutes de marche sur les crêtes puis nous apercevons tout en bas la station d’Ascu Stagnu. 600m de dénivelée négatif, j’y laisse un peu de jus et surtout un bâton en chutant.  Arrivée vers 17h15 à la station. Nous avalons une copieuse soupe corse et un gros plat de pâtes carbonara. Premier contact avec la bière locale, la Pietra puis premier contact avec mon matelas.

« Quand t’en a marre, y’a malabar » mais sur le GR20 quand ça ne va pas, y’a la pietra !

Jour 2 : Ascu Stagnu – Manganu
2410D+ > 1909D- 

Départ à 6h de la station, « à la frontale ». Nous empruntons pour commencer une piste de ski puis un petit sentier. Droit devant nous, 700m de dénivelée pour arriver aux portes du cirque de la solitude. Droit derrière nous, levé du soleil sur la station d’Ascu Stagnu. « C’est bieauuu ! » – C’est bieau mais ça caille ! Dans la montée, nous retrouvons Hercule. A 8h, nous amorçons notre descente dans le cirque, c’est technique mais ça passe bien quand on se laisse aller et qu’on fait confiance aux chaines accrochées dans la paroie. Nous ressortons du cirque vers 9h puis embrayons vers le refuge de Tighjettu pour une pause café, pain, fromage bien méritée !

Nous finissons la descente puis empruntons un sentier plutôt plat le long d’une rivière. Au point le plus bas, nous serons à 1400m. C’est plutôt sympa de marcher à l’ombre des pins, mais déjà au loin se dessine la crête sur laquelle passe le GR. On va remonter à 2000m. D’abord par un sentier caillouteux et sinueux, puis très rapidement à travers les rochers, jusqu’au col. Un dernier effort dans une pente plus douce puis nous arrivons au refuge de Ciotullu. Pause Coca Cola Corsica cola, omelette, pasta.

L’étape de cet après midi est longue. Il faut maintenant relier le refuge de Manganu. Longue descente régulière le long de la rivière puis longue section sur un sentier ombragé, qui me fait penser au circuit des 25 bosses dans la forêt de Fontainebleau. Col de Ninu à 2000m puis descente vers le lac de Nino. Pause photo oblige ! Pour la première fois, nous trottons dans l’herbe, c’est plutôt plat et reposant entre le lac de Nino et les bergeries de Vaccaghja. « Ce n’est pas ici qu’on s’arrête, notre refuge est là-bas » nous dit Rémi. En effet, au fond de la vallée à 30 minutes de marche, on aperçoit Manganu. Le gardien n’a pas reçu notre réservation par internet mais il nous dégote quand même 3 places ainsi que 3 repas chauds. Au top ! Un rapide nettoyage sous la douche et nous montons les derniers mètres de dénivelée pour rejoindre nos matelas sur lits supperposés.

Quand on dit « douche » sur le GR, c’est un concept. Il faut imaginer le filet d’eau de source gouttant sur votre nuque, plutôt que la douche fumante à l’italienne.

Jour 3 : Manganu – Vizzavona
2040D+ > 2711D- 

5h. Réveil ! Je suis dans la même position que la veille, soit je suis mort, soit j’ai bien dormi. J’ai bien dormi. J’ouvre péniblement les yeux et je n’aperçois pas mes compères ! Déjà levés ? Non. Rémi ronfle dehors à coté des chevaux, et je retrouve Evghénia en train de faire du yoga sur une dalle rocheuse. « Bizarre mes collègues » me dis-je en urinant en face du soleil levant, à son pépère….
Nous prenons la route à 6h pétante, quelques minutes pour retrouver le sentier. Ca monte directement, d’abord sur une piste puis assez vite dans des éboulis. Nous retrouvons Hercule, parti une heure plus tôt des bergeries.

C’est la dernière fois que nous le verrons. Nous arrivons sur la crête à 8h. Nous pausons quelques minutes car depuis cette brêche, c’est vraiment beau. C’est le point le plus haut du GR et nous avons une vue sur les lacs de Capitello et de Melo. La suite de l’étape est une sucession de passages plutôt techniques sur les crêtes jusqu’à la descente vers le refuge de Petra Piana. Nous y arrivons à 10h pour faire le plein d’eau. Je ne pause pas longtemps car la descente n’est pas terminée.
La deuxième étape de la journée permet de rejoindre le refuge de l’Onda. Nous l’atteindrons à 13h15. L’étape n’est pas très dure mais la dernière 1/2 heure en plein soleil avant le refuge m’aura entamée. D’ailleurs, le gardien du refuge me le dira en arrivant : ‘t’es cuit toi ! » me lancera t-il en grimaçant.

Je dois faire un peu de peine à voir car il ajoutera « Tu ne verras jamais Vizzavona, jamais !  » Oh merde, il va me porter malheur le bougre, j’avale mon omelette et part à l’assaut du Punta Muratello, point culminant de la dernière étape. A 16h, nous sommes là haut. Plus que 2h de descente et je donnerai tort au vieux gardien médisant. La descente est longue, très longue, très très longue. 1000m négatif, d’abord très raide la première heure. Le sentier nous fait passer par la cascade des Anglais, point de retrouvaille avec la famille de Rémi. Nous finissons ensemble les 2 derniers km. Je m’étonne d’avoir du mal à suivre Julien, 12 ans.

« Quand tu as du mal à suivre un enfant de 12 ans en tongue, bois une Pietra ! « 

Jour 4 : Vizzavona-Usciolu
2480D+ > 1561D- 

5h. Réveil. Décidemment, nous sommes rodés, à 6h pétante, nous sommes sur la route. La première étape commence, comme souvent, par une ascension. Direction « là haut », par un sentier, c’est beaucoup moins technique que les jours précédents. Un petit chemin de terre, à travers la forêt. Nous arrivons au col de Vizzavone à 8h, au dessus des nuages. C’est l’heure et l’endroit révé pour avaler 3/4 barres énergétiques.

La suite de l’étape, pourtant pas très compliquée, me semblera interminable. J’arrive au premier refuge à 10h15. Café, salade de pâtes, barres énergétiques, tout y passe. Nous reprenons notre route et à 13h30, pause taboulé ! 500g. Juste ce qu’il faut avant d’attaquer le col d’Oru . Arrivée au 2e refuge à 15h30, nous rechargeons en eau et nous grimpons encore.  A 16h30, nous sommes -je ne sais pas où mais c’est haut-, un point culminant au dessus des nuages.

Une longue balade en crête, avec des nuages en contrebas. La dernière difficulté de la journée sera le ….que nous atteignons à 18h15. Quelques minutes de descente vers Usciolu, c’est l’heure de boire un breuvage au houblon. Encore une fois, le gardien ne trouvera pas notre réservation mais nous dégotera 3 places en refuge ainsi que des repas, à quelques minutes prêt, on passait sous la table !

Jour 5 : Usciolu – Conca
1500D+ > 3000D- 

4h, réveil. Cette nuit était interminable, je n’ai pas fermé les yeux. Aujourd’hui, nous partons plus tôt, l’étape est longue et nous voulons passer par les aiguilles de Bavella, variante du GR. C’est donc « frontale au front » que nous parcourons les 2 premières heures de marche sur les crêtes. Partie technique mais très agréable. C’est magnifique de voir le jour se lever. On est toujours au dessus des nuages. A 5h, sur les crêtes, à 8h dans une prairie, à 10h sur un col caillouteux, le GR20 c’est magique, des paysages différents s’enchainent. A 10h30, nous arriverons au premier refuge. La descente m’a usé, je ne m’arrête pas longtemps car il reste encore du dénivelé négatif.

Nous faisons une croix sur les aiguilles de Bavella et décidons de ralier le village de Bavella par le GR. C’était limite en eau, pas de source sur cette section. A 14h, nous trouvons un restaurant. Une odeur de …de …. de..( je ne peux pas décrire cette odeur, mais c’était pas une odeur agréable) nous colle à la peau. Nous avalons un plat de pâsta, achetons quelques vivres et reprenons notre route. Dans les rangs, ça parle de « VO2max » « Kilian Jornet » et « test de personnalité« . « Quel rapport ? » – me direz-vous. Aucun, mais après 180 bornes, on commence à dire n’importe quoi, à faire n’importe quoi. Nous sommes euphoriques. L’arrivée au dernier refuge nous fait oublier qu’il reste 4h de marche. On ne s’attend qu’à du dénivelée négatif, Que Neni !  Ca grimpe encore et toujours. Un point sur la carte IGN : « on est loin d’être arrivé, il faut gérer ». On avale un cake. Je n’ai pas senti les 1000m de D- sur cette dernière partie, c’était progressif, ça passait bien. Une étape encore différente en terme de paysage, beaucoup plus vert (fougères, pins). Arrivée à Conca : 20h15 –

Conclusion 

Je vous recommande vraiment d’acheter le topoguide de la FFrando pour vous engager sur le GR20, il contient toutes les informations sur le sentier (cartes, détail des étapes, infos sur les refuges etc…). Il existe depuis cette année une version « livret + application » qui permet d’avoir plein d’infos sur le GR20 sur son smartphone, en restant en mode avion (c’est le 3ème de la liste ci dessous) !

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Edit 2019 : un petit guide PDF gratuit à télécharger et imprimer pour partir sur le GR20, c’est un dépliant A4 avec les numéros de tel, le détail des étapes, les taxis etc…

Enfin, si vous souhaitez avoir une liste du matériel pour votre GR2O, je vous recommande de télécharger cette checklist -> https://gr20-infos.com/checklist-du-materiel/

« Quand tu arrives à Conca, bois deux Pietra« 

Total kilomètres : environ 200km
Total dénivelée  : environ 28.000m cumulés
Total Pietra : environ 7 😉 , objectif atteint !

1 réflexion au sujet de « Notre GR20, en 5 jours et 7 Pietra »

  1. Super votre traversée, je pense la faire en 6 jours. Que me conseillez vous ?

    J’aimerais faire lz pointe alpine, cela vaut la peine ?

    Merci

    Palmira

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